Définition de AMI, IE

DÉFINITIONS - PROVERBES - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-mi, mie

DÉFINITIONS

1
Celui, celle qui nous aime et que nous aimons. Ami de coeur. Un ami d'enfance. Avoir beaucoup d'amis. Prendre quelqu'un pour ami. Une femme est souvent pour un homme une excellente amie.
Qu'un ami véritable est une douce chose !
de Jean de LA FONTAINE dans Fab. VIII, 11
.... cet ami sincère Du secret de nos coeurs connaît tout le mystère
de Jean RACINE dans Bérén. II, 4
Il a été l'ami de votre adversité
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Rech.
Mais je veux bien vous répondre en amie
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. III, 2
Voilà, mes chers amis, ce qui me met en peine
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, II, 1
Il se fit des amis fidèles qui ne le trompèrent jamais
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Polit.
Il est un peu de mes amis
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Fest. III, 5
Je suis ami de don Juan
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib. III, 5
D'une heure encore, ami, mon bonheur se diffère
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, III, 1
Et j'aurais les mortels et les dieux pour amis, En révérant le père et punissant le fils
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Alz. III, 5
Ami de table, de jeu, etc. compagnon de plaisir.
Vous êtes de l'humeur de ces amis d'épée Que l'on trouve toujours plus prompts à dégaîner Qu'à tirer un teston, s'il le fallait donner
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Étour. III, 5
Ami de tout le monde, du genre humain, homme qui accorde indistinctement son amitié à tout le monde.
L'ami du genre humain n'est point du tout mon fait
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. I, 1
Ami de cour, celui qui n'a que de fausses apparences d'amitié.
Allons, ferme, poussez, mes bons amis de cour
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. II, 5
Mon ami, mes amis, termes d'affection avec des égaux, de familiarité avec des inférieurs.
L'ami, se dit à l'égard d'inférieurs. L'ami, ferez-vous ce message pour moi ?
Mon petit ami, est quelquefois aussi un terme de hauteur : Mon petit ami, je veux que vous sachiez....
M'amie, abréviation de ma amie, expression familière en s'adressant à sa femme, à sa fille ou aussi à une femme d'une condition inférieure.
2
Amie, en langage de chevalerie, dame des pensées.
Beaumanoir dit qu'il fallait combattre pour savoir qui avait la plus belle amie
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 76
3
Bon ami, bonne amie, se disent familièrement pour amant, maîtresse.
Comment Mlle N. traiterait le bon ami de sa maman
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. VI
4
Sémantique : En termes de généalogie, amie, maîtresse, en parlant de bâtardise. Un tel eut d'une telle, son amie, un fils....
5
Allié, en parlant des États. La France tira peu de secours de ses amis.
Ceux que tu laisseras en paix te seront bons amis
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. 424
J'en obtiendrai pour fruit le nom de son amie, Je vous verrai, consul, m'en apporter les lois
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. IV, 2
6
Ami, qui a de l'attachement pour. Ami de son pays. Lequel de nous deux est l'ami du peuple ?
7
Qui a du goût pour. Les amis des lettres. Ami de la modération. Je suis fort ami de la brièveté.
Naturellement, le jeune prélat était plus ami de ses aises que jaloux de commander
de ANQUETIL dans Ligue, III, 167
8
Personnes liées par un intérêt de parti, de coterie ; fauteurs. Ami de la noblesse. Les amis de Catilina.
Nul n'aura de l'esprit hors nous et nos amis
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans F. sav. III, 2
9
Qui a de la sympathie pour, en parlant des animaux et des végétaux. Le chien est ami de l'homme. Le concombre est ami de l'eau.
10
Nature : Adj. Qui appartient à un ami, favorable. Sentiments amis. Une divinité amie. Visage ami.
Toutes les fois, tyran, qu'on se laisse adopter, On veut une maison illustre autant qu'amie
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. V, 3
Jugez si les coups qui partent d'une main si amie et si favorable peuvent n'être pas proportionnés à notre faiblesse
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Afflict.
11
Allié. Peuples amis, cités amies. Les prenant pour une troupe amie.
Couleurs amies, couleurs qui produisent ensemble un effet agréable.
Pôles amis, les pôles qui s'attirent, en parlant des aimants.

PROVERBES

1
Exemple : Ami au prêter, ennemi au rendre, c'est-à-dire on se fait souvent un ennemi de celui à qui on a prêté de l'argent, en le lui redemandant.
2
Exemple : Jamais honteux n'eut belle amie ; en amour, il faut être entreprenant.
3
Exemple : Les bons comptes font les bons amis ; c'est-à-dire il faut régler les intérêts réciproques et se bien entendre, si l'on veut rester amis.

REMARQUE

1
Suivant Laveaux, on dit ami de quelqu'un, et non ami avec quelqu'un, et il ne faut pas imiter Voltaire, dans cette phrase : " Claveret, avec qui il était ami, avait été celui qui avait fait courir cette pièce. " Malgré cette remarque, on peut dire avec, qui ne choque en rien la grammaire. On dit aussi ami à :
Quelque ami que vous lui soyez
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Don Juan, III, 4
La neutralité entre des femmes qui nous sont également amies
de Jean de LA BRUYÈRE dans 13

HISTORIQUE

1
XIe s.
Et si nul [quelque] parent n'ami ceste justice deforcent [s'opposent de force]....
dans Lois de Guill. 45
Et Pinabel mon ami et mon pair
dans Ch. de Rol. XXVI
Pour sa beauté dames lui sont amies
dans ib. LXXV
Eh ! reis amis, que [pourquoi] vous ici nen estes ?
dans ib. CXXVI
Ami Rolans, Deus mete t'ame en flurs !
dans ib. CCIV
2
XIIe s.
Ami prisé
dans Ronc. p. 17
Tant fu blasmés de ses meillors amis
dans ib. p. 24
Tante pucele gaste [privée] de lor amis
dans ib. p. 72
Atant es-vous Braimimonde s'amie
dans ib. p. 115
Li cuens Rolant cui vous estes amie
dans ib. p. 160
Où est Rolant, qui de moi fit s'amie ?
dans ib. p. 168
Que vous amez [aimiez] vostre loial ami
dans Couci, VII
Tuit mi penser sont à ma douce amie
dans ib. II
Las ! pourquoi l'ai de mes ieuz regardée La douce rien qui fausse amie a nom ?
dans ib. VI
Assez aim [j'aime] mieuz mourir en bon desir Que vivre irez et m'amie haïr
dans ib. IX
Li cuens de Blois devroit bien mercier Force d'amours qui lui dona amie
dans ib. XX
Rois, vous savez que Diex a peu d'amis ; Ne onques mais n'en eut si grant mestier
de QUESNES dans Romanc. p. 101
Diex ! donnez m' [moi] à mari Garin, Mon dous amin
dans ib. p. 72
Jamais en nos aages [nous] ne portassions enseigne, [si] Ne fust vos bons amis li cuens Hues du Maine
dans Sax. XX
Tei amin [tes amis], chier sire, et tei proisme aprocharent et esturent encontre ti
de ST BERN. dans 555
3
XIIIe s.
Il furent bon ami sans mal et sans envie
dans Berte, II
Adonc tenoient Franc les Tyois pour amis
dans ib. v
Ha Diex ! verrai-je mais, fait-elle, mes amis ?
dans ib. XX
Devant lui sont venu si plus privé ami
dans ib. CVIII
Symons en [de Berte] fait sa niece, et Constance s'amie
dans ib. LX
Dame, or alés seoir arriere ; Amit avés et cointe et noble
dans Lai d'Ignaur
Si croi que mains en esprovast De ceus qui à son tens vivoient, Qui si ami de bouche estoient
dans la Rose, 5428
Se cil qui tant iert tes amis, En bien amer a son cuer mis, Lors vaudra miex sa compaignie
dans ib. 2713
Biaus amis, que faites-vous là ? Fait Cortoisie, ça venez
dans ib. 784
Tex gens ne poent ne ne doivent penre don ne promesse de nului, se ce n'est de lor amis de char, ou de lor sengneurs
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXII, 33
4
XIVe s.
Et te souviengne de la guerre Qui a regné en mainte terre Par espicial ou pays Dont tu es toy et tes amis [partisans]
dans Liv. du bon Jeh. 65
5
XVIe s.
L'amour de m'amye
de François RABELAIS dans Gar. I, 9
Ce gentilhomme lui sembla n'estre point si riche, qu'il lui dust tenir fort d'avoir sa amie non plus que lui
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans Nouv. IX
Quoi, m'amie ? il n'est point un meilleur mari que le mien
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans ib. X
Quand il vouloit, il parloit à son amie
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans ib. XX
Ils estoient amis de leur païs - amis d'ambition et de troubleIls n'estoient ni amis l'un de l'autre, ny amis à eulx mesmes
de Michel de MONTAIGNE dans I, 214
Ma niepce, m'amie, depuis que je t'ay cogneu....
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 328
Elle fit apparoir à Alessio s'amie couchée auprès de lui
de Bonaventure DESPÉRIERS dans Contes, CXXVIII
Le regard du bien public feit que Brutus devint amy de Pompeius, duquel auparavent il estoit ennemy, et ennemy de Caesar, duquel il estoit amy
de Jacques AMYOT dans Brut. et Dion, 5
Ces amis de fricassée et de nappe mise
de Jacques AMYOT dans Comment discern. le flatt. 17
Au besoin cognoist on l'ami
de Henri ESTIENNE dans Précell. p. 180
La mort n'ha point d'ami, le malade n'en ha qu'un demi ; et quant au poure, point du tout
de Henri ESTIENNE dans ib. p. 167

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguig. aimin, aimie ; Berry, aimi, émi ; provenç. amic, amiga, amia ; espagn. amigo ; ital. amico ; d'amicus, ayant même radical que amare, aimer. Dans l'ancien français, nominatif singulier amis, régime ami ; nominatif pluriel ami, régime pluriel amis.

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